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🌱 Vision de l’enseignement à trois moments clés

  • Photo du rédacteur: Miou Léonard
    Miou Léonard
  • 21 mai
  • 3 min de lecture

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Septembre – Mes premières aspirations

Au tout début de ma formation, j’avais une vision très idéalisée du métier. J’étais animée par l’envie de transmettre, de faire une différence, de devenir une figure bienveillante et inspirante pour mes élèves. Je voyais l’enseignement comme un espace de création, d’expérimentation, de lien humain. Je voulais devenir une prof qui donne envie d’apprendre, qui encourage, qui observe, qui adapte.

J’avais aussi conscience que ce métier ne se résume pas à de beaux projets pédagogiques ou à des moments magiques. Il y a la rigueur, la gestion du groupe, les imprévus, les responsabilités… Mais je pensais sincèrement que tout cela pouvait être surmonté à partir du moment où l'on aime profondément ce qu’on fait, et surtout si l’on ne reste pas seul·e dans sa pratique.

Je rêvais d’une école ouverte, où les projets transversaux, la coopération entre enseignants, la prise en compte des émotions des enfants et une vraie attention à l’inclusion soient au cœur du quotidien. Je pensais que je trouverais rapidement ma place.



Mars – En plein cheminement (d’après mon stage)

Pendant mon stage, cette vision a pris corps… mais aussi quelques baffes salutaires. J’ai découvert à quel point l’enseignement demande une présence constante, une attention de tous les instants. Il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut pouvoir les mettre en œuvre, tout en gérant le rythme de la classe, les besoins individuels, le cadre, les urgences, la fatigue des élèves — et la mienne.

Ce que j’ai appris pendant ce stage, c’est aussi que l’enseignant ne peut pas tout porter seul. Il faut savoir poser des limites, se réajuster, faire preuve d’humilité. J’ai vu que parfois, l’ambition d’un projet pédagogique doit s’adapter à la réalité du terrain : le temps, l’énergie du groupe, les aléas. Mais ça ne m’a pas découragée. Au contraire, j’ai compris que cette souplesse, ce "être comme l’eau" (pour reprendre l’image que j’aime tant), c’est une force. J’ai aussi vu à quel point mes expériences passées (artistiques, créatives, relationnelles) m’aident à créer du lien avec les enfants.

Mon regard sur le métier est devenu plus concret, plus lucide… mais aussi plus tendre. Je suis encore plus convaincue que je suis à ma place.


Mai – Une vision en pleine construction, plus politique, plus lucide, plus engagée


Aujourd’hui, ma vision du métier d’enseignante est toujours en chantier. Je suis encore en train de la construire, d’y mettre des couches, des nuances, des doutes, des convictions qui se renforcent. Ce qui a changé, ce n’est pas mon enthousiasme — il est toujours là, mais il s’est ancré dans quelque chose de plus rugueux, de plus concret.


Je m’interroge beaucoup sur la place que notre société accorde aux enseignants. J’ai le sentiment que notre parole pèse peu, qu’on est à la fois attendus au tournant et invisibilisés. Cette tension, je la ressens profondément. Et je ne peux pas faire abstraction du politique : l’école n’est pas un monde à part, elle est traversée par les inégalités, les exclusions, les manques de moyens, les contradictions du système.


En tant que personne neuroatypique, cette prise de conscience s’est intensifiée. Je vois trop souvent les portes fermées pour mes élèves comme pour moi. Le mot "handicapé" reste chargé de stigmatisation, alors que c’est simplement une réalité. Mon autisme fait partie de ce que je suis : je n’y renoncerais jamais. Il me donne une manière unique de voir le monde, de créer, de comprendre les autres. Il est ma force, même quand il me complique la vie.


Je crois profondément qu’il y a un travail politique à mener — un travail de sensibilisation, de transformation, de pédagogie sociale. Et même si on nous demande d’adopter une forme de "neutralité active", je ne veux pas être neutre face à l’exclusion, face aux injustices. Je veux être une enseignante qui se bat pour chacun et chacune, qui donne à voir des possibles, qui agit.

Ce métier, je l’aime. Et plus je le découvre, plus je sens qu’il faudra que je me batte pour y garder ma place, pour qu’elle soit pleine, reconnue, respectée. Mais je suis prête. Les baffes de réalité, je ne les regrette pas : elles nourrissent ma détermination. Elles me donnent la rage douce, l’envie de faire mieux, de faire juste, et de ne pas me trahir en chemin.




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