Réflexions autour de la fonction enseignante
- Miou Léonard
- 21 mai
- 5 min de lecture
Dans le cadre du cours "Identité et posture enseignante", un exercice réflexif nous a été proposé afin d'approfondir notre compréhension du métier à travers plusieurs lectures critiques. L’objectif n’était pas simplement de résumer des textes, mais bien d’interroger nos représentations du métier d’enseignant·e, de les confronter à des points de vue théoriques et d’en tirer des éléments pour nourrir notre propre posture professionnelle.
Voici la consigne reçue pour cet exercice :
“Lire trois textes proposés dans le portefeuille de lecture (‘L’enseignement n’est plus ce qu’il était’ de Philippe Perrenoud, ‘Une identité progressive’ d’Albert Moyne, et ‘Être agent, acteur et auteur dans son propre métier’ de Jean Donnay), puis répondre aux questions suivantes pour chacun :– Quelles sont les informations principales de l’article ?– Quelles sont mes réactions personnelles (avis, opinion, questions) ?– Ce que je retiens pour mon projet personnel.”
Ces lectures ont été l’occasion de déconstruire certaines idées reçues sur le métier, de questionner mes intuitions de future enseignante, et surtout de nourrir une réflexion continue sur ce que signifie "devenir prof" aujourd’hui.
Dans ce post, je partage donc les résumés de ces trois textes et les réflexions qu’ils ont suscitées — non pas comme des vérités figées, mais comme des jalons d’un cheminement personnel et professionnel encore en construction.
🔹 Texte 1 – Philippe Perrenoud : L’enseignement n’est plus ce qu’il était
🧠 Résumé
Philippe Perrenoud dresse un portrait réaliste du métier d’enseignant, bien loin des représentations idéalisées. L’époque du maître tout-puissant, seul en classe avec son programme, est révolue. Aujourd’hui, il faut composer avec l’incertitude, la diversité des élèves, les injonctions institutionnelles, les collaborations avec des collègues ou des partenaires extérieurs. Enseigner est un métier d’engagement, de souplesse et de réflexion constante. Aimer les enfants ou sa discipline ne suffit plus : il faut apprendre à coopérer, à écouter, à se réajuster sans cesse.
✍️ Réflexion 1
Quelles sont les informations principales ?
Il est vrai que ce texte rappelle avec justesse que le métier d’enseignant ne se limite pas à transmettre un savoir : il engage tout un positionnement professionnel, relationnel et humain. On ne travaille plus seul·e dans sa classe, mais dans un réseau d’acteurs, avec des contraintes et des dynamiques multiples. Il ne suffit pas d’aimer enseigner, il faut savoir composer, ajuster, négocier, coopérer.
Réactions personnelles
Il est parfois un peu déstabilisant de mesurer l’ampleur des défis du métier. Mais ce regard lucide est aussi rassurant : il libère de l’idée qu’il faudrait tout maîtriser dès le départ. Enseigner, c’est évoluer, faire des erreurs, apprendre. On ne devient pas enseignant du jour au lendemain, mais au fil des expériences. Ce que souligne Perrenoud, c’est l’importance de cette posture d’apprentissage permanente.
Ce que cela m’apporte
Ce texte invite à ne pas s’attacher à un idéal figé du métier. Être enseignant·e aujourd’hui, c’est accepter de se remettre en question, de se confronter à des tensions, mais aussi de créer du lien, d’inventer, de résister parfois. Une posture humble, mais profondément engagée.
Texte 2 – Albert Moyne : Une identité progressive
🧠 Résumé
Albert Moyne nous parle de l’identité professionnelle comme d’un chemin, et non d’un état figé. L’identité de l’enseignant se construit dans le temps, entre ce que l’on est profondément et les rôles que l’on nous demande de jouer. Il y a une tension permanente entre rester fidèle à soi-même et répondre aux attentes institutionnelles, sociales, ou relationnelles. Ce n’est pas une contradiction, mais une dynamique constante d’ajustement.
✍️ Réflexion 2
Quelles sont les informations principales ?
Le texte met en lumière la manière dont le métier transforme progressivement, en invitant chacun·e à naviguer entre ses convictions personnelles et les normes du métier. Il ne s’agit pas de se perdre dans un rôle, ni de rester rigide dans une posture unique, mais d’apprendre à "habiter" ces rôles avec justesse.
Réactions personnelles
Il est souvent difficile de faire la part des choses entre "ce qu’on attend de nous" et "ce qu’on est". Mais cette tension peut devenir féconde si on l’aborde comme une matière à travailler. Il est certain que pour tenir dans la durée, il faut rester connecté·e à ses valeurs, tout en ayant la souplesse d’adapter ses manières de faire.
Ce que cela m’apporte
Ce texte éclaire l’idée que l’identité professionnelle ne se décrète pas, elle se tisse petit à petit, dans les interactions, les essais, les erreurs. Ce processus progressif est rassurant et motivant : on peut apprendre à devenir l’enseignant·e qu’on a envie d’être, sans renier qui l’on est.
Texte 3 – Jean Donnay : Être agent, acteur et auteur dans son propre métier
🧠 Résumé
Jean Donnay défend une vision du métier d’enseignant comme une posture active : il ne suffit pas d’appliquer des consignes, il faut penser, s’engager, créer. L’enseignant·e devient véritablement "auteur" de son métier lorsqu’il ou elle prend conscience de ses choix, de ses intentions, et de la manière dont ses pratiques influencent les élèves. Plusieurs niveaux de professionnalité sont évoqués, de l’enseignant exécutant à celui qui devient chercheur de sa propre pratique.
✍️ Réflexion 3
Quelles sont les informations principales ?
Être enseignant, ce n’est pas simplement "faire classe", c’est aussi se positionner, faire des choix, s’interroger sur ses pratiques. Il y a une vraie responsabilité éthique et pédagogique dans la manière d’enseigner. Ce texte insiste sur la nécessité de réfléchir à ce qu’on fait, pourquoi on le fait, et ce que cela produit.
Réactions personnelles
Il y a quelque chose de très valorisant dans cette manière de voir le métier : on n’est pas de simples exécutants, mais des praticiens réflexifs, qui construisent leur propre manière d’enseigner. Il est vrai qu’on a parfois tendance à se laisser porter par des routines ou des contraintes extérieures, mais c’est dans la réflexion personnelle qu’on trouve du sens et du pouvoir d’agir.
Ce que cela m’apporte
Ce texte donne envie de s’impliquer, de réfléchir, d’agir en conscience. La remise en question n’est pas un signe de faiblesse, mais une preuve d’engagement. En devenant acteur de ses choix, on devient aussi plus solide et plus libre dans sa posture.
Conclusion
À travers ces lectures, il devient évident que le métier d’enseignant·e ne peut être réduit à une série de gestes techniques ou à une fonction neutre. Il s’agit d’un rôle profondément humain, mouvant, ancré dans le réel, mais aussi dans des convictions, des tensions, des doutes. Enseigner aujourd’hui, c’est accepter l’imperfection, le changement, le travail d’équipe et les incertitudes — tout en construisant un cadre stable et cohérent pour les élèves.
Ces textes, chacun à leur manière, rappellent que l’identité professionnelle ne se donne pas : elle se construit, lentement, à travers des expériences, des lectures, des échanges et beaucoup de réflexivité. Si l’on veut enseigner de manière juste, il est essentiel de ne pas se contenter de reproduire des modèles, mais d’oser inventer les siens, en restant fidèle à ses valeurs, tout en s’ouvrant aux réalités du terrain.
Il ne s’agit pas d’avoir toutes les réponses dès le début, mais de cultiver une posture d’écoute, de recherche, de remise en question. C’est cette dynamique-là qui, à long terme, permet de devenir un·e enseignant·e à la fois compétent·e, éthique et vivant·e dans sa pratique.



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