Rapport de stage – Semaine 2
- Miou Léonard
- 8 avr.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 avr.
Introduction
Le stage est désormais terminé. J’ai pris le temps de réfléchir profondément à son déroulement. Ce rapport est pour moi l’occasion de faire le point sur mes apprentissages, mes ressentis, les difficultés rencontrées, mais aussi les prises de conscience qui ont émergé tout au long de cette expérience.
1) Ce que j’ai aimé
J’ai mieux compris les attendus de mon MDS et les conseils qu’il me donnait. Ce n’était pas à moi de remplir les objectifs de ma séquence à la fin de celle-ci, c’était bien aux élèves de les atteindre. De ce fait, ce n’est pas grave si je dois prendre plus de temps qu’initialement prévu. Je ne dois pas être dans le cadenassage de ma leçon.
Préparation de matériel pédagogique : J’ai un profil assez créatif, et mes compétences en graphisme, mise en page et outils numériques m’ont énormément aidée à créer du contenu interactif. Ça m’a énormément plu.
Proposer des outils pour les élèves ayant un suivi logopédique : Pendant le temps de lecture, j’ai amené mes bandelettes de lecture que j’emploie avec des élèves à qui je donne des cours particuliers et qui sont dyslexiques. Je les ai présentées aux élèves ayant un suivi, en leur expliquant comment cela fonctionnait. Le lendemain, ils sont venus me demander d’eux-mêmes ce petit outil, ainsi que l’endroit où l’on pouvait en acheter. Personnellement, j’ai choisi Amazon par facilité. Ils m’ont partagé leur ressenti :
« Oh bah, on lit super vite avec ça ! Vous avez acheté ça où ? »

J’ai adoré donner des cours sur l’histoire du rock et sur la découverte de l’artiste Arcimboldo. J’ai aimé écouter les réponses des élèves, les voir participer avec envie. Je me sentais comme la cheffe d’orchestre d’un super groupe suspendu à mes lèvres, et qui apprenait.
Lien du genially sur la découverte du rock : https://view.genially.com/67cb874d6ae57e81444c4197/presentation-decouverte-du-rock
Le sentiment de satisfaction d’avoir contribué un peu. De rentrer, le sourire aux lèvres, en repensant à la journée que je venais de passer. En discuter sur le balcon avec mon amoureux, lui-même enseignant, et l’entendre me dire :
« T’es rayonnante. »
La gratitude des élèves de leur avoir appris quelque chose, et le fait de nourrir une relation positive avec eux. Réussir à fixer un cadre, et que même si nous rigolions bien ensemble, on était là pour travailler et apprendre. Je me sentais parfois comme Jamy Gourmaud pour ses apprentissages, parfois Mary Poppins pour sa rigueur, ou même la prof loufoque du Bus magique pour son grain de folie super pétillant.
2) Ce que je n’ai pas aimé
Problèmes de communication et d’information entre l’HEFF et les Pagodes concernant l’organisation du stage. Mon psychopédagogue avait demandé que l’on réalise entre 4 et 7 leçons. Nous étions censés être en binômes, mais suite à des problèmes personnels, ma binôme de stage n’a pas pu assurer le stage. Je ne lui en tiens pas rigueur. Cependant, j’ai finalement dû tout prendre en charge seule, sans réel accompagnement mis en place à ce sujet.
Bureaucratie institutionnelle : Je comprends l’importance de la rigueur et de la traçabilité dans notre métier, mais les démarches administratives floues ou excessives peuvent devenir un frein à l’action pédagogique.
Propos déplacés – non-respect de mes valeurs d’enseignante :Plusieurs scènes m’ont profondément questionnée.
Une en particulier : un·e enseignant·e grondait un enfant qui ne voulait pas manger son repas car il jeûnait. Le ton était frontal, agressif, l’argument tourné vers la sécurité (cours de natation prévu l’après-midi).Moi, j’ai vu un enfant en pleurs, au milieu du couloir. Et je n’ai pas pu rester indifférente.
Nous vivons à Bruxelles, une ville multiculturelle. Pour moi, défendre cette richesse, c’est défendre les enfants, leur diversité, leurs croyances. Je suis convaincue qu’on ne doit pas forcer quelqu’un à se plier à une norme unique en niant ses convictions.
J’aurais préféré entendre quelque chose comme :
« Ok, je comprends. Tu as un cours de sport cet après-midi, et je ne peux pas prendre la responsabilité que tu participes l’estomac vide. On va trouver une alternative pour aujourd’hui et en parler avec tes parents. »
Cette situation aurait pu devenir une base pour créer un espace d’échange, une discussion collective, un groupe de parole, à la manière de Freinet.
Lors d’un autre moment, j’ai ouvert une discussion avec les élèves sur leurs origines et leurs langues. Un·e enseignant·e m’a interrompue pour affirmer que leur nationalité belge devait primer, que leurs origines étaient secondaires.J’ai acquiescé, par réflexe. Mais intérieurement, j’étais en désaccord total.
Les élèves racisés se feront rappeler toute leur vie qu’ils sont "autres". Je le sais.Mon message était :
« Tu as plusieurs origines, et c’est une richesse. »
La représentation culturelle est essentielle au développement identitaire.Rappeler sans cesse qu’il y a une "bonne" culture et des "secondes" origines renforce le mal-être.Le rôle d’un·e enseignant·e est, selon moi, d’incarner une neutralité active, inclusive et bienveillante.
(Déso pas déso Georges-Louis Bouchez.)
Sur ma légitimité en tant que future enseignante neuroatypique :Plusieurs personnes m’ont questionnée, parfois avec maladresse, sur mes aménagements (casque anti-bruit, lunettes teintées…). Je n’en ai pourtant pas eu besoin pendant mon stage.
On m’a souvent dit :
« Mais tu ne pourras pas garder ton casque en classe, hein ? »
J’aimerais qu’on s’interroge autant sur les ressources que cela m’apporte que sur l’inconfort qu’il provoque chez les autres.Mon expérience est une force. Mes élèves le ressentent. Et moi aussi.
3) Ce qui m’a aidée
Les interventions ponctuelles de mon MDS m’ont permis de rebondir dans les moments de flottement, sans me sentir jugée.
Réorganiser ma farde de stage m’a fait beaucoup de bien : j’ai pu faire le lien entre ma vision du Q1 et celle d’aujourd’hui. Le soutien de mes camarades et du service d’aménagements raisonnables m’a aidée à structurer mes outils.
4) Ce qui m’a frustrée
Ne pas pouvoir donner des leçons que j’avais préparées, car mon MDS les a parfois reprises entièrement.C’était formateur, mais frustrant. J’aurais aimé apprendre aussi en faisant, pas seulement en observant.
Le manque d’informations pratiques sur l’école : matériel, fonctionnement des photocopieuses, du TBI, changement d’horaires, etc. Une visite guidée en amont aurait été précieuse.
Des corrections demandées la veille de certaines leçons, alors que j’avais remis mon travail en temps et en heure. Cela m’a forcée à travailler jusqu’à 2h du matin.Pour le futur, je veux anticiper encore plus et organiser des moments d’échange en direct avec mes MDS pour relire les séquences ensemble.
5) Ce que j’ai appris
Je peux me tromper, et c’est OK.Je suis dure avec moi-même, mais l’erreur est un terrain d’apprentissage. Et j’adore apprendre.
Prendre son temps pour enseigner, même si on dépasse un peu, est parfois plus pertinent que de tout boucler "dans les temps".
Une bonne hygiène de vie (sommeil, rythme) est la base d’une bonne organisation.
Je dois prendre soin de moi pour pouvoir être présente pour les autres.
« Avant de mettre le masque à oxygène aux autres, on commence par le mettre à soi-même. »
Je suis profondément passionnée. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie de travailler, de créer, de réfléchir, d’enseigner.
6) Ce que je mettrai en place pour le prochain stage
Avoir une montre pour mieux gérer le temps.
Réduire le contenu de mes séquences pour laisser plus d’espace à l’imprévu.
M’appuyer davantage sur les réponses des élèves pour construire le cours.
Anticiper encore plus les préparations et organiser des moments de relecture.
Vérifier la compréhension de toute la classe.
Continuer à travailler sur la gestion de mon stress.
Être plus assidue aux cours, grâce aux aménagements et à une meilleure organisation personnelle.
7) Mes envies dans le cadre de ma formation d’enseignante
J’aimerais réaliser un stage dans une école à pédagogie active (Freinet).Ce type de pédagogie me permettrait de construire des projets interdisciplinaires, de partir des élèves, de les guider dans leurs apprentissages à partir de leur curiosité.
Un exemple vécu : lors d’une activité ludopédagogique avec le jeu Hanabi, les élèves ont posé des questions sur le métier d’artificier·ère, les salaires, le genre des professions…On a rebondi sur des sujets d’économie, de vocabulaire, d’égalité… à partir d’un jeu.Ce genre d’échange me donne envie de construire des cours vivants, profonds, et sensibles à ce qui se passe dans la tête et le cœur des enfants.
Autoévaluation
🌿 Mes points forts
Investissement personnel dans les préparations, la relation aux élèves, et l’envie d’apprendre.
Créativité et adaptabilité dans la conception de supports variés.
Posture bienveillante et éthique, ancrée dans des valeurs d’accueil et de neutralité active.
Capacité d’introspection, avec un regard réflexif sur mes pratiques.
Lien humain fort avec les élèves.
🛠️ Mes points à améliorer
Gérer le temps plus efficacement pendant les séances.
Mieux communiquer en amont avec le MDS.
Être plus présente aux cours pour éviter l’accumulation.
Renforcer mon organisation personnelle.
🎯 Objectifs pour le prochain stage
M’équiper (montre, outils) pour mieux structurer mon temps.
Être plus flexible dans la conduite de séance.
Anticiper les préparations et valider les attentes avec mes référents.
M’assurer que tous les élèves suivent.
Poursuivre mon travail sur le stress.
Assumer mon profil neuroatypique comme une force pédagogique.
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